Un clavier unique pour les langues d’Europe ?

Disposition AZERTY normalisée

Introduction

En Europe, à peu près chaque pays a un clavier d’ordinateur différent, même si on trouve certaines ressemblances. Par exemple, la plupart des claviers européens ont le point et la virgule au même endroit ; même chose pour les parenthèse, etc. De plus, les lettres sont organisées selon trois dispositions : QWERTY, QWERTZ ou AZERTY.

Il n’y a cependant pas un clavier unique européen. Par conséquent, un vacancier Espagnol séjournant en France et désirant envoyer un courriel depuis l’ordinateur de son hôtel aura du mal à écrire efficacement, et même correctement (puisque, par exemple, le caractère « ñ » est absent du clavier AZERTY en usage pour le moment).

Cette diversité des claviers est régulièrement regrettée (bien que la majorité de la population s’en accommode probablement, car les Espagnols de passage en France rédigent rarement des mails), et on entend parfois des personnes souhaiter publiquement qu’un jour soit définie une disposition de clavier « européenne », commune à tous les pays.

Ce souhait – louable – n’a cependant pour l’instant pas été concrétisé. Cette page a pour but de disserter sur le sujet en apportant quelques éléments de réflexion.

L’Europe abrite de nombreux peuples, qui parlent de nombreuses langues. Dans cette page, nous allons essayer de comparer les caractères utilisés pour les différentes langues d’Europe.

Points communs et différences entre les langues d’Europe

Bien que les langues soient différentes, elles ont de nombreux points communs. Notamment :

Elles ont également des différences :

Il faut noter que selon les langues, les caractères supplémentaires n’ont pas le même statut. En français, les mots commençant par « ê » et ceux commençant par « e » sont dans la même section « E » du dictionnaire. En revanche, en espagnol, le caractère « ñ » est considéré comme une lettre à part entière.

À la lumière de ces différences, il apparaît peu probable qu’une unique disposition de clavier conviennent à toutes les langues de tous les pays. Il faut donc envisager des variations.

Répartition des langues sur les territoires

Certaines langues sont parlées dans plusieurs pays. L’Allemand est parlé en Allemagne, en Autriche, en Suisse, etc. avec éventuellement quelques variations. Par ailleurs, certains pays ont plusieurs langues sur leur territoire. En Suisse on parle français, italien, allemand et romanche.

Un clavier associé à un pays donné doit donc permettre potentiellement d’écrire avec aisance dans plusieurs langues. À l’inverse, on peut imaginer qu’une même disposition de clavier pourrait être utilisée dans plusieurs pays.

Diversité des langues

Les langues d’Europe sont nombreuses et différentes. Néanmoins, on peut identifier des points communs.

Fréquence des caractères

Nous avons analysé la fréquence des caractères dans les différentes langues afin de déterminer quels sont les plus fréquents. Les caractères les plus fréquents ne sont pas les mêmes selon les langues. Néanmoins, certains caractères sont très fréquents dans beaucoup de langues.

Par ailleurs, chaque langue utilise des caractères particuliers. Même si certains de ces caractères reviennent d’une langue à une autre, nous constatons très clairement qu’il n’y a pas de regroupement évident.

Le fait que l’ensemble des caractères les plus fréquents soit assez semblable d’une langue à une autre montre que nous pouvons envisager d’avoir une disposition des lettres qui ne serait pas optimale, mais qui pourrait convenir à la plupart des langues. Les caractères supplémentaires étant particuliers à chaque langue, une disposition unique de clavier n’est pas envisageable ; il faut avoir plusieurs variations du clavier, adaptées aux langues.

Guillemets

Les langues que nous considérons utilisent toutes les mêmes signes de ponctuation – l’espagnol ajoute les points d’exclamation et d’interrogation inversés.

En revanche, l'écriture des guillemets change d’un pays à l’autre.

Vers une disposition commune, avec des variations nationales

La situation actuelle montre que les claviers européens présentent beaucoup de similitudes entre eux: si l’on compare un clavier espagnol à un clavier finnois, on voit que les lettres sont à la même place – selon la disposition Qwerty – ainsi que les signes de ponctuation et les chiffres. Seule la partie droite du clavier est vraiment spécifique au pays. Par ailleurs, la disposition suisse possède deux variantes: l’une pour la langue française, l’autre pour la langue allemands. C’est-à-dire qu’un même clavier physique est utilisé, mais que les touches font apparaître des caractères différents selon le mode d’utilisation – français ou allemand.

Nous souhaitons éviter d’inventer un n-ième agencement des lettres sur le clavier car il y en existe déjà beaucoup. Une section du site Carpalx traite de l’optimisation de l’agencement des touches, et commence par expliquer qu’il est très peu probable que les gens « normaux » changeront de disposition. Nous nous concentrons donc sur les trois agencements déjà très répandus (Azerty, Qwerty et Qwertz), ainsi que l’approche d’agencement des lettres dans la disposition Colemak et les initiatives qui lui sont liées, notamment Minimak et Tarmak. La disposition Colemak propose une disposition optimisée en effectuant un simple réagencement des touches du clavier. Cela permet de transformer n’importe quel clavier Qwerty américain du commerce en clavier Colemak.

La nouvelle norme de clavier pour la France nous sert de base pour imaginer un ensemble de dispositions de clavier pour les langues d’Europe, en s’inspirant de la philosophie du clavier suisse.